Projects per year
Abstract
Mon livre A Revolutionary Calendar, publié en 2020, est un recueil de poesie et un projet de recherche-creation. Cette suite de 360 poèmes en anglais, chacun de cinq vers, prend comme point de depart un autre projet de creation : le calendrier républicain français de 1793, imaginé par le poète Fabre d'Églantine et ses collègues avec le but de briser le pouvoir de l'Église et de redonner une importance symbolique au travailleur agricole. Il y a des mois avec les noms des saisons et des jours dans un système decimal, qui, au lieu d'être dédiés aux saints, sont chacun consacré à une plante, un animal, un minéral ou un outil agricole. Ce calendrier, utilisé entre 1793 et 1805, a été brièvement reprise dans la Commune de 1871, une courte période qui continue néanmoins à avoir des répercussions sur le plan culturel et politique, comme l'a fait valoir Kristin Ross. Comme beaucoup d'idées de la Commune, le Calendrier conserve un sens de la possibilité et de l’espoir, au-delà de son contexte français original. La pensée révolutionnaire, comme les plantes, est migratrice.
La migration des plantes commence par tourner autour du soleil ; puisqu'elles font les conditions pour la vie, elles créent le temps dans lequel nous existons. Donna Haraway propose de repenser le temps comme « une présence épaisse, en cours (ongoing), avec des hyphes qui pénètrent toutes sortes de temporalités et de matérialités » à travers laquelle il serait possible de répondre aux défis de l'existence sur une Terre endommagée. Si le calendrier républicain, en cherchant à rompre avec le passé, s'est rabattu sur une vision plus ancienne, cyclique et saisonnière du temps, cette ironie peut fournir une perspective utile sur la crise écologique actuelle. Les plantes du calendrier ne sont pas toutes comestibles, mais la plupart d'entre elles ont des usages culinaires ou médicinaux ; leurs noms évoquent des goûts et des odeurs. En écrivant de la poésie, je m'intéresse à l'échange entre le langage et les sens. Dans quelle mesure la langue peut-elle traduire l'expérience sensorielle ?
Pour Michel Serres, la langue et la parole anesthésient la bouche. Dans son enquête dans Les cinq sens sur la « deuxième langue », la subtilité du goût éveillée par un vin exquis, l'amène à dégager le lien étymologique entre le goût et la connaissance, entre sapidité et sapience. La faculté de distinguer le goût est intimement liée à la sagesse ; à travers cette histoire linguistique, Serres donne un nouveau sens à la phrase du poète Tristan Tzara « La pensée se fait dans la bouche », en mettant la pensée dans le contexte de la sensation et du mélange corporel. Pour Serres, la différence du goût produit le temps, compris comme des mélanges, des confusions et de réponses sensorielles éphémères. Bien que Serres parle ici des sens humains, les sens animaux sont également importants pour ce brassage évolutif. Les herbivores et les omnivores peuvent distinguer entre les goûts précis des plantes, tandis que les plantes ont évolué vers des certains saveurs et odeurs pour faciliter la dispersion des graines. Les bouches et les goûts des animaux ont évolué conjointement avec les plantes, et c'est dans ce contexte là que je pense à la poésie comme une façon non seuelement de parler du temps, mais aussi de le goûter.
La migration des plantes commence par tourner autour du soleil ; puisqu'elles font les conditions pour la vie, elles créent le temps dans lequel nous existons. Donna Haraway propose de repenser le temps comme « une présence épaisse, en cours (ongoing), avec des hyphes qui pénètrent toutes sortes de temporalités et de matérialités » à travers laquelle il serait possible de répondre aux défis de l'existence sur une Terre endommagée. Si le calendrier républicain, en cherchant à rompre avec le passé, s'est rabattu sur une vision plus ancienne, cyclique et saisonnière du temps, cette ironie peut fournir une perspective utile sur la crise écologique actuelle. Les plantes du calendrier ne sont pas toutes comestibles, mais la plupart d'entre elles ont des usages culinaires ou médicinaux ; leurs noms évoquent des goûts et des odeurs. En écrivant de la poésie, je m'intéresse à l'échange entre le langage et les sens. Dans quelle mesure la langue peut-elle traduire l'expérience sensorielle ?
Pour Michel Serres, la langue et la parole anesthésient la bouche. Dans son enquête dans Les cinq sens sur la « deuxième langue », la subtilité du goût éveillée par un vin exquis, l'amène à dégager le lien étymologique entre le goût et la connaissance, entre sapidité et sapience. La faculté de distinguer le goût est intimement liée à la sagesse ; à travers cette histoire linguistique, Serres donne un nouveau sens à la phrase du poète Tristan Tzara « La pensée se fait dans la bouche », en mettant la pensée dans le contexte de la sensation et du mélange corporel. Pour Serres, la différence du goût produit le temps, compris comme des mélanges, des confusions et de réponses sensorielles éphémères. Bien que Serres parle ici des sens humains, les sens animaux sont également importants pour ce brassage évolutif. Les herbivores et les omnivores peuvent distinguer entre les goûts précis des plantes, tandis que les plantes ont évolué vers des certains saveurs et odeurs pour faciliter la dispersion des graines. Les bouches et les goûts des animaux ont évolué conjointement avec les plantes, et c'est dans ce contexte là que je pense à la poésie comme une façon non seuelement de parler du temps, mais aussi de le goûter.
| Translated title of the contribution | The migrations of plants: A botanical migration in the mouth |
|---|---|
| Original language | French |
| Title of host publication | La migration des plantes |
| Editors | Bronwyn Louw, Marion Grange |
| Pages | 217-226 |
| Number of pages | 9 |
| Publication status | Published - 31 Jan 2024 |
Fingerprint
Dive into the research topics of 'The migrations of plants: A botanical migration in the mouth'. Together they form a unique fingerprint.Projects
- 2 Finished
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Migrating knowledges: Science, subjectivity and landscape
Skoulding, Z. (PI)
1/02/22 → 1/08/22
Project: Research
-
Poetry in Transatlantic Translation: Circulation and Practice
Skoulding, Z. (PI)
1/09/20 → 1/08/22
Project: Research
Activities
- 1 Participation in Academic conference
-
Les migrations des plantes : modalités, ambivalences, enjeux
Skoulding, Z. (Speaker)
24 Jun 2022 → 25 Jun 2022Activity: Participating in or organising an event › Participation in Academic conference